Exposition TOCO TOCO jusqu’au 29 octobre

EN PRÉSENCE DE L’AUTRE (ANTE LA PRESENCIA DEL OTRO), 2014-2021 Peuples autochtones isolées dans la jungle vénézuélienne du Haut-Orénoque
Observer ce que nous appelons « l’autre » présuppose une ouverture à la diversité et un profond respect de la culture et des coutumes, mais cela impose aussi une certaine forme d’envahissement, une appropriation de nos référents, de notre regard étranger, à un mode de vie que nous sommes incapables de comprendre sans un approfondissement de l’expérience. C’est ainsi que ce contact avec l’autre est presque toujours douteux, comme en témoignent les travaux de la photographe et anthropologue Carolina Duran, à la suite des interventions militaires du gouvernement vénézuélien dans des communautés indigènes isolées, accessibles principalement par hélicoptère. Un accès hiérarchique, douteux aussi, qui se propose d’apporter de l’aide dans la mesure où il impose sa présence à cet autre inconnu.

Duran explore le thème avec un œil curieux et respectueux, à la recherche des couches de sens qui viennent des « visites » des toco-tocos (comme les indiens Yanomami appellent les hélicoptères, en référence à l’onomatopée de leur son) aux différents peuples autochtones du Haut-Orénoque, dans la jungle amazonienne vénézuélienne.

Ces communautés semi-nomades, traditionnellement totalement isolées, s’adaptent peu à peu à la présence des non-autochtones, notamment des militaires. Certains n’avaient pas reçu de visites des « napes », non indigènes, depuis au moins trois ans. D’autres ont déjà des bases militaires sur leur territoire.
Avec une ouïe très fine, les Yanomami du Haut-Orénoque identifient l’approche de l’hélicoptère même lorsqu’il n’y a aucune possibilité de le rendre visible dans le panorama. Dans ces images, on peut voir leurs diverses réactions aux toco-tocos, cet élément insolite qui marque l’arrivée du regard de l’autre. Des réactions également douteuses, bien que de plus en plus réceptives. Nous vous invitons donc à porter également votre regard sur ces nombreux autres.

L’auteure de l’exposition Carolina Duran est doctorante en anthropologie à l’EHESS à Paris (en cotutelle avec le doctorat en études des migrations à l’UGR, Espagne). Vénézuélienne, diplômée en design graphique, titulaire d’un master en photographie et d’un master en anthropologie sociale et culturelle. Formé principalement au Venezuela, en Colombie et en Espagne, avec des formations en ligne supplémentaires en Australie et aux États-Unis. Duran a exposé ses photographies dans la capitale du Venezuela, Caracas : Fundación Bigott, Espacios del banco Banesco ; dans la ville de Mérida : Fundación Casa Bosset, Centro Cultural Tulio Febres Cordero ; dans la capitale de la Colombie, Bogotá : Museo de Arte de la Universidad Nacional de Colombia, entre autres expositions.

Tássia Zanin Photographe, commissaire, professeur et chercheur en photographie documentaire